A partir de sa conquête par la Grèce, l'Égypte reflète dans son art des influences très diverses aux époques gréco-romaine et copto-byzantine : influences hellénistiques ou alexandrines d'abord, syriennes et sassanides ensuite. On y trouve aussi bien des motifs remontant à l'époque des Pharaons que d'autres empruntés au répertoire chrétien. Ces influences multiples ont constitué l'art dit copte qui se trouve à l'origine de l'art byzantin et dont la dénomination englobe l'art chrétien proprement dit.

L'habillement de l'Égypte traduit alors lui aussi le caractère composite de cette civilisation nouvelle.

La connaissance de ce costume, du début de la conquête d'Alexandre jusqu'à la veille des invasions arabes, est due aux fouilles exécutées en Égypte par Maspero vers 1884, à Sakkarah, au Fayoum et à Achmin, ainsi que par Gayet et Guimet de 1896 à 1905, à Antinoê ; elles ont permis de découvrir dans ces nécropoles des vestiges, d'origines très diverses, de vêtements étonnamment conservés dans les tombes grâce à la sécheresse du sol égyptien.

Les vêtement civils et religieux de la période appelée d'Antinoê comprenaient, pour les hommes, une chemise - dite aussi tunique - à manches fermées au poignet, des jambières de cuir ou d'étoffe à motifs brodés ou tissés et un manteau long, plus ou moins drapé, rappelant la toge.

L'habillement féminin comportait : la chemise de mousseline de lin, à encolure cintrée toujours garnie de riche broderie; la robe de laine de couleur crue, en deux lés d'étoffe assemblés sur de grosses ganses, à manches collantes, à décolleté souvent carré et sans aucune fente sur la poitrine; le manteau de bure rectangulaire pourvu d'un bourrelet encadrant le visage et, parfois, de manches longues. Une résille couvrait les cheveux.
C'est sur la tunique de laine ou de lin - tout au moins avant le règne de Justinien - que se plaçaient des éléments de décoration; la grande finesse du point employé a donné son nom, point « Gobelins », à ces broderies coptes de laine ou de soie, exécutées soit directement sur l'étoffe même, soit par incrustation d'éléments déjà brodés. Les sujets, à décor nilotique ou d'inspiration syrienne ou sassanide, étaient très variés amours voltigeant, serpents jouant dans le Nil (antique tradition égyptienne), enfants s'ébattant dans l'eau (motif alexandrin), eaux jaillissantes.

La profusion de ces ornements et figures parut incompatible avec la modestie chrétienne dès que le christianisme fut devenu religion officielle : l'évêque Astérius d'Amasse reprochait à ses compatriotes du IVe siècle de porter les scènes des Saintes Ecritures sur leur costume et non dans leur coeur.

L'art du tissage, grâce à l'habileté des ouvriers coptes, a représenté l'une des industries les plus florissantes de cette période égyptienne; il a également suscité des progrès importants dans la teinture et dans la technique des colorants, car toutes les étoffes employées dans l'habillement offrent une extraordinaire richesse de coloris dont la polychromie devient plus éclatante à mesure qu'on s'éloigne de la période primitive. Si le lin n'a presque jamais été teint, les tissus de laine retrouvés ont conservés des tons très solides permettant de reconnaître l'emploi probable de la garance, la « pourpre du pauvre », de l'indigo, qui n'était pas en usage avant les Romains, et d'un oxyde de fer permettant d'obtenir les jaunes.

On ne saurait passer sous silence la curieuse découverte faite à Doura Éuropos de quelques fragments de tissus datant probablement des années 248 à 256, dont certaines caractéristiques de tissage prouvent qu'ils ne sortent pas d'ateliers égyptiens, car on les retrouve dans les textiles d'Ukraine, aux environs de Kertch, et dans d'autres du Turkestan oriental. D'après sir Aurel Stein, auteur de ces découvertes, il ne peut être question de tissus chinois; peut-être s'agit-il de tissus persans, dont certains motifs rappellent ceux d'intérieurs babyloniens ou ceux des ivoires de Ras-Shamra.

Les influences sassanides sur le costume de la période d'Antinoë se caractérisent par les jambières très hautes, s'élargissant vers le haut et s'attachant, croit-on, à la hanche, portées très probablement par-dessus le pantalon ; elles sont très sensibles aussi dans les textiles et leur décor .

Cet apport sassanide s'explique par l'intermédiaire de Byzance qui avait adopté la mode orientale, d'abord dans l'uniforme militaire, puis dans le costume de cour. On n'a pas trouvé à Antinoë de costume byzantin luxueux mais des costumes persans datant des IVe etVe siècles, apportés par les officiers et fonctionnaires.

Les influences ont d'ailleurs été réciproques entre Byzance et l'Égypte copte. D'une part, certains tissus coptes sont très directement influencés par l'art byzantin dans l'interprétation de la figure humaine, dans les emprunts au répertoire sacré et dans le goût des couleurs éclatantes ou particulières; d'autre part, les Coptes tissèrent et brodèrent une grande partie des pièces décoratives dont les Byzantins ornaient leurs vêtements. L'art copte, qui s'est trouvé à l'origine de l'art byzantin, a peut-être, par l'intermédiaire de celui-ci, contribué à la naissance en Occident de l'art roman.

Ces particularités du costume de l'Egypte disparaîtront avec l'invasion arabe de 641 qui rompit toutes les relations commerciales avec Byzance.