Les éléments, peu nombreux, du costume féminin ont gardé pendant les millénaires de l'antiquité égyptienne une permanence presque absolue, modifiée seulement dans quelques détails.

Un type de robe (l'appellerait-on aujourd'hui chemise ?), porté surtout durant l'Ancien et le Moyen Émpire, soit pendant près de quinze siècles (- 3200 env. à - 1500 env.), était composé de deux pièces distinctes : un corsage court et appliqué, à longues manches collantes, et dont les échancrures devant et derrière sont fermées par des cordonnets ; une ample jupe cousue au corsage, à plissés horizontaux. Certains corsages sont ornés d'étroits volants sous les bras, le long des manches.

Des exemplaires de robes de ce genre, souvent dénommées tuniques, rappelant celles des fellahs modernes (galabijeh), ont été exhumés de tombes de la ve dynastie (Ancien-Empire, - 2563 à - 2423) ; mais il est assez troublant de constater que « ces vêtements n'ont pas, jusqu'à présent, leur équivalent dans les représentations figurées ». Remarquons à ce propos que des modes peuvent n'être représentées sur les monuments qu'« avec un retard et un arbitraire impossibles à apprécier » et que, par contre, certains ajustements sont encore reproduits par les artistes à des époques où leur usage est délaissé ou restreint et protocolaire.

« Sous le Nouvel-Émpire, les fresques donnent quelques exemples de robes à manches longues et collantes, ornées de galons suivant les lisières et les coutures, portées en général par des figures viriles de type asiatique ou par des femmes de condition inférieure ».

Durant le Nouvel-Émpire (- 158o à - 1090), se répand la robe-tunique appelée calasiris qui, sous l'effet du luxe grandissant, fut portée comme un vêtement extérieur sur un pagne (shenti) : elle était toujours de lin blanc très léger, transparent et plissé ; ses bords étaient cousus ; des fentes étaient réservées pour la tête et les bras ; un cordon étroit servait de ceinture. Les plissés parallèles horizontaux étaient probablement obtenus par un empesage à la gomme : « la même préparation avait lieu aussi pour les tuniques ioniennes et nous retrouvons la survivance de cet usage aujourd'hui encore jusque dans le surplis de nos prêtres... Il faut noter l'existence d'étoffes ayant un aspect ondulé et comme crispé, qui apparaissent sur les fresques thébaines vers l'époque des Thoutmosis et sont peut-être d'origine orientale ».

La robe se portait soit suspendue, soit enroulée. Sous la première forme, elle était assez étroite, sorte de fourreau commençant au-dessous de la gorge et retenu aux épaules par des bretelles tantôt minces, tantôt assez larges pour couvrir les seins. Chez les femmes du peuple, cette robe ressemblait à un grand sarrau de toile unie blanche ou écrue, et se complétait d'une ceinture et de résilles de cuir noir découpé ou de perles de couleur. Les femmes d'un certain rang choisissaient des bretelles de couleur ou dorées, nouées sur la clavicule les étoffes pouvaient être de couleur safran ou rouge vif, ou encore ornées de dessins variés de tons éclatants, tissés ou appliqués à l'aiguille, qui imitaient des plumes ou des ailes multicolores d'oiseaux repliées et croisées autour du corps, évoquant les ailes d'Isis. De longs rubans de toutes couleurs se nouaient autour de la taille et retombaient par devant, durant la xvnle dynastie (- 1520 à - 1320).

La robe enroulée, en vogue sous le règne de Thoutmosis III (- 1505 à - 1480), utilisait une grande pièce de mousseline plissée ou rayée formant un jupon court serré à la taille puis enroulée sur la poitrine, à la manière du haïk royal que l'on porta sous le Nouvel-Empire, mais donnant moins d'ampleur et faisant moins de tours. La mode de cette robe enroulée correspond à l'époque où l'Émpire s'étendait jusqu'en Syrie septentrionale et sur le Haut-Éuphrate, se trouvant en contact direct avec l'Asie ; l'Égypte semble avoir alors accueilli des drapés et des enroulements moins primitifs que les siens, apparentés aux modes sumériennes ou syro-phéniciennes.
Contrairement à ce qu'un simple examen superficiel pourrait faire supposer, la variété des enroulements du vêtement féminin était très grande ; il est impossible d'en donner ici le détail. Une formule typique d'un de ces arrangements ferait croire à l'emploi d'une tunique, d'une écharpe et d'un manteau : ce n'est pas impossible; cependant, comme pour le haïk royal, on peut obtenir le même effet par un enroulement à renversement couvrant les jambes de façon à leur laisser une grande liberté de mouvements. A l'époque gréco-romaine, on trouve la robe et le châle enroulés d'après le même principe .

Le châle classique, de finesse arachnéenne et de couleur blanche ou safranée, était utilisé par les femmes pour s'abriter de la fraîcheur de l'air ou de l'ardeur du soleil. Il se prêtait à de multiples combinaisons avec la tunique et la robe. Posé à plat sur les deux épaules sans drapé, il constituait un ajustement rituel de caractère religieux et funéraire, cachant les bras mais laissant les mains à l'extérieur.

Les servantes - des cueilleuses de fleurs, par exemple - sont figurées nues ; les musiciennes sont revêtues de robes de mousseline.