Le déclin de l'Empire Sumérien d'Ur, vers la fin du Ille millénaire, avait, dès le XXIIe siècle, permis à Babylone de prendre une importance croissante ; le règne d'Hammourabi (- 2003 à - 1961) en fit le centre d'un nouvel empire mésopotamien qui recueillit l'héritage des anciennes cités sumériennes de Mari et de Lagash.
C'est toutefois l'activité commerciale de ces cités qui avait suscité la nouvelle civilisation, en organisant au IVe millénaire, sur le delta du Tigre et de l'Euphrate, un trafic maritime et caravanier international : si Babylone devient prépondérante à partir du règne d'Hammourabi, c'est parce que les commerçants sumériens avaient déjà établi le point de rencontre entre les riches pays de l'Indus et les régions côtières de la Caspienne, de la Cappadoce et de la Méditerranée orientale. Lorsque les difficultés créées par l'ensablement du delta détournèrent le trafic vers le nord, Babylone en bénéficia en devenant une grande étape des nouvelles routes caravanières vers l'Arabie, prolongée au nord par l'Euphrate.
Les Akkadiens de l'Empire de Babylone, qui appartenaient à la race sémitique et parlaient une autre langue que les Sumériens, avaient adopté dès les origines la civilisation et les modes vestimentaires de ceux-ci ; ils apportèrent à leur costume certaines modifications correspondant à l'hégémonie de leur nouvel empire et à leur enrichissement économique.
Le costume babylonien, auparavant identique au costume sumérien, s'en différencie dès lors par une évolution que les bas-reliefs de l'art Kassite permettent de suivre au cours du IIe millénaire ; mais il reste difficile d'attribuer avec précision ces changements à tels ou tels envahisseurs, Hittites, Kassites, ou Hourites, tous peuples de montagne.
Après la ruine de Babylone, le costume porté dans l'Empire Assyrien n'est qu'un prolongement du précédent et ses particularités s'expliquent par de nouveaux facteurs d'influence.
 
Le Costume
Dans l'ensemble, le costume assyro-babylonien a répondu, par ses formes simples, aux nécessités d'une vie primitive et patriarcale sous un climat chaud : son principe consistait moins dans les façons de tailler et de coudre les étoffes que dans l'art de les disposer sur le corps.
Il ne faut pas oublier que, dans les sculptures et bas-reliefs, ce costume est représenté comme un fourreau moulant le corps, l'artiste supprimant tous les plis pour reproduire facilement le dessin des riches broderies, qui constitue parfois de véritables scènes.

Dans les diverses classes, la robe longue du type sumérien laissant les avant-bras dégagés demeure d'emploi constant, même à l'époque de Sargon qui, avec ses plus hauts dignitaires, en maintenait l'usage. Les femmes du peuple la portent serrée à la taille d'une ceinture à bourrelet, sur les bas-reliefs de Nimrud dessinés par Layard.

Mais la robe est à peu près supplantée chez les hommes par la tunique plus ou moins longue, à manches le plus souvent étroites et longues finissant au poignet : c'est probablement l'apport des peuplades venues des régions montagnardes, où l'imposait le climat ; elle subsiste aujourd'hui en Orient, pour des raisons de décence, sous la forme de chemise. Cette tunique à trois ouvertures pour la tête et les bras comportait sur la poitrine une fente que fermaient deux cordons à houppes de laine.

Sur ce long vêtement se drape une sorte de manteau d'une pièce, fixé en haut et à droite de la poitrine, puis rejeté sur l'épaule gauche et tombant jusqu'aux pieds. Ce manteau est le châle à franges de l'époque sumérienne, aux dimensions souvent très importantes, qui était passé sous le bras droit et rejeté sur l'épaule gauche, mais qui, plus tard, sur des effigies royales du VIIe siècle, est tiré sur l'épaule droite et recouvre presque entièrement la poitrine.

L'emploi du grand châle drapé était réservé au roi et aux dieux ; les hauts fonctionnaires de la cour portaient le châle plié en bande sur la tunique longue ou courte, le grand vizir se distinguant par la longueur des franges.

Le costume royal, le plus fréquemment représenté en sculpture, marque en Babylonie et en Assyrie un enrichissement croissant, tout en gardant certains caractères archaïques. Si, au XIIe siècle avant J. C., le costume du roi de race kassite Mélishipak (vers - 12oo) n'est pas décoré ni brodé, celui d'un de ces prédécesseurs de la fin du XIIIe siècle, le roi MardoukNadim, s'écarte complètement du costume ancien de Goudéa et même de celui d'Hammourabi, avec ses trois vêtements superposés et un choix d'étoffes richement décorées et brodées de plusieurs tons, témoignant d'usages plus raffinés et contrastant avec l'esprit militaire de la race.

Le costume de cour assyrien, avec ses poignards passés dans la ceinture, est comparable à certains costumes de l'Inde contemporaine.

Le costume sumérien primitif est resté très certainement pendant longtemps le costume ordinaire de Babylonie et d'Assyrie ; on connaît cependant une loi assyrienne qui, vers - 1200, ordonna aux femmes libres et aux femmes mariées de sortir voilées : c'est la plus ancienne mention connue de cette coutume qui se perpétue aujourd'hui encore en Orient.

A côté du type conventionnel de la sandale simple à quartiers qui laisse le pied à découvert, se lace à la cheville et emprisonne dans un anneau le gros orteil , on note aussi la chaussure fermée, introduite dans la vallée mésopotamienne par les populations montagnardes.
 
Le Costume de Guerre

Le caractère guerrier des Assyriens s'est manifesté dans le costume militaire. Dès le Xe siècle, fantassin et cavalier sont habillés avec une uniformité relative : tunique courte à franges, large ceinture, casque conique doublé de cuir ; les archers à cheval, qui combattaient par deux, portaient l'un le casque, l'autre le bonnet rond; ceux de Téghal Phalazar III sont représentés en long vêtement tombant jusqu'aux chevilles, la tête protégée par un bonnet rond qui couvre les tempes et descend par derrière jusqu'au bas de la nuque ; les archers des chars revêtaient une tunique longue à écailles métalliques, serrée par une ceinture, et se coiffaient d'un casque à camail.

A partir du VIIIe siècle, on constate l'extension à la cavalerie et à l'infanterie lourde de la cuirasse à écailles, complétée par le pantalon et les jambières serrées dans des chaussures hautes. L'infanterie légère remplaçait la cuirasse par un disque de métal disposé sur le devant du thorax; les archers, employés en ordre dispersé, protégeaient leur poitrine d'un manteau plié et ne portaient qu'un pagne et qu'une écharpe ordinaire autour de la tête.

Dans l'ensemble des pays de vallées et de plaines de l'Asie antérieure, une première transformation du costume est intervenue lorsqu'il a abandonné les peaux et pelleteries préhistoriques, vraisemblablement vers le milieu du IIIe millénaire ; l'emploi du tissu, d'abord réservé au jupon, s'est étendu au châle et au manteau, mais la forme des vêtements, encore primitive, n'en a pas été modifiée et c'est le type de l'habillement en Sumer qui a été le plus généralement adopté dans ces régions.

L'apparition de la robe au milieu du IIIe millénaire et celle des tissus mieux fabriqués et plus somptueux caractérisent la période suivante, avec l'introduction de la tunique plus ou moins longue, à manches étroites, due aux peuplades montagnardes.

Les modes sumériennes se propagèrent non seulement dans les vallées du Tigre et de l'Euphrate, mais aussi dans les régions d'altitude élevée de l'est et du nord, du Golfe Persique à la Mer Noire et à la Méditerranée : ce ne fut pas sans y subir d'assez importantes transformations qui révèlent leur adaptation aux conditions climatiques des montagnes et des hauts plateaux. Il semble bien, comme on le verra plus loin, qu'elles furent réintroduites ainsi modifiées dans leurs régions d'origine lors des invasions du IIe millénaire.