Les
régions de hauts plateaux et de montagnes qui, de la Cappadoce
à l'Indus, dessinent un immense demi-cercle au nord des plaines
de Syrie et du bassin mésopotamien, furent habitées par
des peuplades dont le costume a été à l'origine,
sans aucun doute, celui des races de la préhistoire, soumises aux
variations d'un climat aux extrêmes rigueurs.
Quand, au début du IIe millénaire, des peuples d'une civilisation
primitive mais déjà évoluée, pourvus d'armes
et de chevaux que ne connaissaient pas encore les Orientaux, abandonnèrent
leurs steppes de Russie et d'Asie, ils poussèrent devant eux, en
arrivant en Asie antérieure, les races autochtones qui s'établirent
dans les plaines ; tandis que les Achéens se fixaient en Grèce
et sur certains points des côtes d'Asie Mineure, d'autres envahisseurs,
Hittites, Hourites, Mitoniens au nord et Mèdes et Perses à
l'est, s'installèrent dans des régions montagneuses puis,
peu à peu, descendirent dans les plaines. Cette invasion aryenne
bousculait devant elle des peuplades comme les Kersites, semi-nomades
des hautsplateaux, qui, jetés hors de la Cappadoce et du littoral
portique, s'engagèrent dans la vallée de l'Euphrate, submergèrent
la Chaldée, enlevèrent en - 1805 Babylone, bientôt
effondrée sous une seconde attaque en - 1745. Cette poussée
continue s'est, par ondes successives, prolongée jusque vers l'époque
des migrations égéennes (- 1200), suite des grandes migrations
aryennes.
Un empire Hyksos, où l'aristocratie militaire des Mitoniens semble
avoir été prépondérante, se forme alors de
Babylone à Tyr puis englobe l'Egypte : durant plus de cent cinquante
ans de domination, il se désagrège lentement, absorbé
par ses vassaux qui imposent aux peuples envahisseurs et vainqueurs le
phénomène classique de l'assimilation.
C'est plus tard, après la chute de Ninive (- 625) et la destruction
de l'Empire assyrien, que les Perses quittèrent à leur tour
les montagnes du Kurdistan et se répandirent dans les plaines de
la Susiane.
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Le
Costume |
En effet, c'est vraisemblablement
par ces poussées successives de races, les unes envahissantes
et les autres envahies, que, vers le milieu du IIe millénaire,
le costume confectionné, dont l'élément type
est la tunique à manches moulant les bras, est introduit dans
les pays d'Asie antérieure, surtout dans la zone ancienne
du Tigre et de l'Euphrate, par des peuplades descendues des régions
montagneuses de l'est et du nord. Il semble d'ailleurs que ces dernières
n'aient fait que rapporter alors vers la Mésopotamie, modifiés
et transformés, des types de costumes que les modes sumériennes
avaient antérieurement diffusés chez elles, vraisemblablement
par le moyen des caravanes commerciales : un semblable « choc
en retour » a été souvent observé et doit être
recherché avec soin pour expliquer certaines modifications
du Costume, qui resteraient incompréhensibles autrement.
On sait par Hérodote
que ce costume était celui des Arméniens, des Scythes,
des Saces et des Afghans, et pouvait être fait entièrement
de cuir (sisyrna), comme celui de toutes les populations septentrionales
répandues de la Caspienne à l'Atlantique.
Chez les
deux sexes, les vêtements étaient de couleur vive, surtout
pourpre et jaune.
Dans l'état actuel
des fouilles archéologiques, il apparaît encore assez
difficile d'attribuer avec certitude à tel ou tel de ces groupes
les apports nouveaux dans le costume préexistant c'est pourquoi
on ne trouvera ici aucune spécification qui risquerait d'être
infirmée dans un proche avenir.
L'apport principal de ces
races montagnardes obligées de se couvrir chaudement est constitué par
la tunique enveloppant étroitement le corps : elle convenait
mieux ainsi, comme le remarque Strabon, aux régions plus froides
d'Asie antérieure et surtout aux pays balayés par le
vent comme la Médie ; le jupon, semblable à celui de
Sumer, souvent enrichi d'ornements, continue d'être porté seul.
Cette tunique, sorte de
chemise plus ou moins longue fermée devant, aux manches courtes
ou longues évasées du bas, représente un type
de vêtement nouveau, en forme et confectionné : portée
ample au naturel, elle est toujours figurée collante sur les
ceuvres sculptées, de préférence courte pour
les hommes et longue pour les femmes dans la tenue habituelle; elle
se complétait du grand châle sumérien bordé d'une
garniture en forme de bourrelet, qui servait de manteau comme aux
temps anciens d'Ur et de Mari. Les femmes du peuple utilisaient l'écharpe étroite
chaldéenne.
Chez les femmes, dont l'habillement
est très rarement figuré, ou bien cette tunique-robe
a des manches très courtes et tombe lourdement sur les chevilles,
ou bien elle est traînante avec des manches évasées
dissimulant les bras jusqu'aux poignets. Une jupe d'étoffe
fine, à plis nombreux, était peut-être utilisée
comme vêtement d'été; à l'époque
gréco-persane, les femmes portent une ample tunique d'étoffe
fine et plissée, le sérapis, que les Grecs d'Asie empruntèrent
aux Lydiens.
A la tunique, commune aux
peuples montagnards, il semble que les Perses, affinant leurs moeurs
primitives au contact de la civilisation plus évoluée
des Assyriens, aient ajouté d'autres éléments,
peut-être empruntés aux peuples tombés sous leur
domination : Strabon notait qu'ils adoptèrent un ajustement
plus conforme au caractère « auguste et majestueux d'un
monarque » et mieux adapté à la vie fastueuse
et sédentaire d'une cour soumise à un climat torride.
Il est probable qu'ils donnèrent à la tunique plus
de longueur et plus d'ampleur, ainsi que des manches largement ouvertes
et tombantes.
On peut
attribuer aux Perses la diffusion du vêtement long ou caftan,
appelé candys, souvent porté manches pendantes, qui serait
l'évolution du grand châle sumérien; c'est avec
davantage de certitude qu'on doit leur accorder l'introduction en Asie
antérieure du pantalon long, appelé par d'aucuns anaxyride,
tel qu'il figure sur les frises d'Apadena, à Persépolis
(- 400 à - 36o environ) et dont l'origine doit être recherchée
chez les nomades des steppes.
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Le
Costume de Guerre |
Le costume guerrier comportait
chez les Hittites de longues tuniques, probablement en cuir, au moins à l'origine, à larges
ceintures. Durant le IIe millénaire, le casque conique à protège-oreilles
et flamme tombant dans le dos, et, au Ier millénaire, gardes-joues
et cimier à crinière ou à panache : ce serait
ce type de casque que les Hittites auraient transmis aux Mycéniens
du XVe siècle et qui devint ensuite la coiffure des troupes
légères en Assyrie au VIIIe siècle, puis à l'origine
du casque ionien. Les hoplites sont figurés avec le bonnet
conique.
Quant aux Perses, les frises
du palais de Darius (vers - 500) ont fait connaître leurs longues
tuniques à manches évasées, leurs calottes côtelées à bords
torsadés ou leur turban roulé et les souliers ferrés
des archers royaux. D'autres sont représentés avec
un bonnet rigide de forme presque hémisphérique dont
la partie antérieure est plus droite et légèrement
projetée en avant. Les conducteurs de char ont une cuirasse
de tissu à croisillons noirs et bordure blanche, avec une
coiffure jaune et rouge.
Dans les bas-reliefs de
Persépolis, le pantalon, porté par certains guerriers
perses ou hittites est très nettement figuré avec la
tunique courte serrée d'une ceinture où sont passés
des poignards à large poignée.
Chez les
Perses, certains costumes de guerre présentent les mêmes
couleurs à la mode que le costume ordinaire : jaune pour la
coiffure, rouge pour le manteau ou la tunique ; les chaussures sont
noires à lacets rouges, le pantalon pourpre. Philoxénos
d'Érétrie, qui peignit le portrait de Darius à la
bataille dite aussi d'Arbèles, l'a représenté en
tunique pourpre traversée d'une large bande blanche à deux
rangées d'étoiles d'or, avec un manteau garni de peaux
de panthère.
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