Tous les nomades des steppes - Huns, Scythes, Alains, Sarmates - ont porté longtemps le même habillement de peaux et de cuir, composé de la tunique, du pantalon long avec ou sans bottes et du haut bonnet de fourrure ou de feutre (69).
Il serait hasardeux d'en attribuer la création à tel ou tel de ces peuples, ces vêtements ayant probablement été ceux de la race primitive fixée dans ces régions.
Les distinctions ethniques que l'on peut établir entre ces peuplades n'ont d'intérêt que pour mieux suivre la diffusion des éléments les plus caractéristiques de leurs costumes, liée à leurs déplacements respectifs.
 
 
Le Costume

Le costume des steppes possède un élément caractéristique dont l'apparition en Asie antérieure constitue une nouveauté d'une importance capitale : c'est le pantalon, vêtement essentiel de ces cavaliers nomades, indissolublement lié à l'usage du cheval dans leurs steppes. On sait déjà qu'une monte primitive du cheval a été probablement introduite de la Russie du Sud en Éurope centrale avant la fin de l'âge de Pierre, vers - 2500.

Au lieu de la robe du méditerranéen et du Chinois primitif, le Scythe adopta le capuchon pointu, la veste, la tunique et le pantalon mieux adaptés au climat de sa région d'origine et à ses modes de vie et de combat ; il y ajoutait le long vêtement à manches longues, attaché par une ceinture, qui a survécu plus de trois millénaires et est devenu le caftan, ce manteau étant parfois coupé en tablier et tombant jusqu'aux genoux; il enfermait enfin les jambes du pantalon dans des bottes montant à mi-mollet.

Le long manteau figure déjà sur un fragment de poterie de Kan-Su du milieu du IIe millénaire ; il est décoré d'un motif quadrillé ; les manches sont faites d'anneaux ou de iouleaux assemblés et lourdement rembourrées ou capitonnées : c'est un manteau de mailles, recouvert de plaques de métal. Les hommes le portaient à plat sur les épaules, avec fermail pardessous.

Si le pantalon long fut adopté par les Grecs de la Mer Noire au contact des Scythes, comme par les Perses, il faut noter que l'antiquité occidentale l'a toujours considéré comme extrêmement indécent, et la littérature grecque contient de nombreuses remarques à ce sujet : cette aversion peut s'expliquer par le souvenir héréditaire des défaites infligées par ces cavaliers des steppes à leurs ancêtres ; toutefois, quand Alexandre le Grand créa sa cavalerie, il la dota non seulement des arcs et des flèches, mais du pantalon long des Scythes.

La tunique, très ajustée, à manches longues, parfois à longs revers, comportait pour les hommes une ceinture en disques, pour les femmes une bordure perlée (stucs du Fondoukistan) ; arrêtée au-dessus du genou, elle semble avoir été en usage l'hiver dans les classes moyennes, chez qui l'on retrouve un genre de tunique en tablier, arrondi pour le roi et incurvé pour les courtisans. Une sorte de veste à revers est représentée sur les fresques de Quizil.

Le bonnet pointu était d'usage courant chez les Scythes, mais on en voit aussi le front ceint d'une bandelette de lin, semblable au turban des musulmans qui peut servir de coiffure ou de ceinture. On le retrouve aujourd'hui encore dans le tcharouk de feutre porté par les mahométans du Turkestan chinois.

 
Le Costume de Guerre

Les figurations du costume de guerre scythe et sarmate permettent assez difficilement de le distinguer de l'habillement quotidien.

Dans leurs attitudes de chasse et de guerre, les Scythes, toujours vus avec de longs cheveux et de longues moustaches, portent avec leur coiffure pointue la cotte de mailles du monde nomade des steppes eurasiques, le pantalon et des jambières indiquées par des incisions.

Polybe signale cette cotte de mailles en - 179, à propos de la cavalerie scythe coiffée d'un casque conique.