On n'a aucune indication sur la manière de se vêtir des Sardes à l'époque néolithique (-2000 à-1500) : les quelques figurations parvenues jusqu'à nous sont celles d'êtres nus. Le tissage était cependant connu, puisque des pesons de fuseaux datant de cette période ont été retrouvés, à défaut de tout fragment de tissu. Pour l'époque nouragique classique VIIIe - VIe siècle avant J.C.), où l'île est pénétrée par la civilisation phénicienne et a établi des relations commerciales, des figurines en bronze représentent des hommes vêtus d'un pagne serré aux hanches et couvrant le plus souvent - mais pas toujours - le haut des cuisses. Ces petits bronzes suggèrent des formes de pagne assez variées, vraisemblablement coupées dans des étoffes raides ou du cuir et cousues : ils comportent parfois un ou deux petits volants descendant aux genoux, qui pourraient correspondre à plusieurs pagnes de longueur différente superposés. Ce pagne est fixé à la taille par une étroite ceinture d'étoffe ou un bourrelet. Pendant la saison froide ou la nuit, on utilisait un manteau de laine épaisse, peut-être à franges, ou de poil de chèvre, d'après Nymphodore, semblable à la diphtera des Egéens les Sardes l'auraient porté le poil à l'intérieur pendant la saison froide et l'auraient retourné à la saison chaude. Ces bronzes représentent toujours hommes et femmes pieds nus, probablement à cause du sens religieux attaché à ces statues, comme en Crète : les coutumes imposent d'aller pieds nus dans les sanctuaires. Par contre, des sortes de jambières protègent souvent les jambes, faites peut-être de laine ou de cordes tressées et cousues ou de lanières de cuir. Comme couvre-chef, les hommes ont soit une toque baissée sur le front, soit un genre de béret. Les chefs revêtaient, en plus d'une courte tunique étroite, un épais manteau rectangulaire ou arrondi et un baudrier partant de l'épaule droite , ils nouaient une bandelette sur leur front. Les femmes étaient habillées très simplement d'une pièce d'étoffe enroulée autour des reins. Une statuette de musicienne montre une espèce de veste composée de bandes verticales, peut-être tissées dans l'étoffe : un bourrelet visible autour des jambes correspondrait à une extrémité de pantalon (?) ou à un bracelet de cheville. Une dizaine de figurines font voir des musiciennes et des prêtresses en robe très collante et ajustée, sans doute cousue, et sans manches : on n'y voit pas de fibule ni de boutonnage marqué ; cette robe comporte trois volants, faits peut-être de trois robes superposées. Le costume féminin se complétait d'une mante sans manches : la tête n'était généralement protégée par aucun couvre-chef. La parure a pu jouer dans l'habillement sarde un rôle soit de protection contre les mauvais esprits, soit de signification tribale, soit enfin de simple attirance. Le défunt emportait dans la tombe, disposées sur tout le corps, des amulettes qu'on a recueillies en grand nombre dans les sépultures : colliers et pendentifs en os ou en dents d'animaux, en coquillages, en vertèbres de poissons ou en perles de bronze perforées. Il faut se rappeler que l'idée de fécondité a été liée aux coquillages depuis les temps paléolithiques. Quelques bracelets retrouvés sont en silex, très inférieurs au type égyptien ; quelques autres en cuivre, très peu en bronze. Les fibules sont rares, mais on a découvert quelques boutons. |