A partir du XIIIe siècle, deux genres nettement différenciés se distinguent au théâtre. Au drame liturgique de l'époque romane succède le drame semi-liturgique, qui ne se joue plus dans l'église mais sur une estrade adossée au portail. Les rôles les plus importants sont confiés à des clercs spécialement choisis ; les femmes ne pouvant paraître sur scène, leurs rôles sont tenus par des jeunes gens, dont le costume long et flottant ne diffère guère du leur. Les confréries jouent leur répertoire avec une mise en scène qui se modifie peu jusqu'au XVIe siècle : on connaît bien celle de Gréban (env. 1420-env. 1471) pour la célèbre Passion, ainsi que les costumes portés par les figurants. Dieu le Père y est habillé comme un pape ou un évêque et Jésus revêtu d'une longue robe bleue ; les anges et les séraphins portent des costumes d'enfants de choeur et les prophètes des habits de rois ; Abel, Caïn, Joseph, Lazare et beaucoup d'autres sont vêtus comme les bourgeois du temps avec chaperon, pourpoint court ou robe longue et ample. Vers la fin du XIIIe siècle, apparaît le théâtre comique, joué par les confréries « joyeuses », parfois revues satiriques mais le plus souvent sotties, farces fantaisistes, où se mêlent des railleries, des chants et des danses : dans ces farces, comme celle de Maître Patelin ou celle de Mestier et Marchandises, les costumes des acteurs sont ceux de la vie ordinaire. Quand interviennent des anges ou des diables, on ajoute seulement des ailes pour les premiers, des masques et un appendice caudal pour les seconds. Enfin, dans les représentations de la Basoche, les personnages d'importance ont souvent de brillants costumes ; il est curieux de noter que beaucoup plus tard (1528), une des compagnies de la Basoche avait adopté le costume féminin. Quant aux fous et aux sots, ils ont un costume traditionnel pourpoint découpé et chausses bariolées jaunes et vertes, pour être aisément reconnus des spectateurs. On sait comment, au XVe siècle, la chapelle des ducs de Bourgogne avait sa fête des Fous : ceux-ci formaient une confrérie dont les membres semblent avoir porté une grande collerette dentelée et un chapeau orné de grandes oreilles. On connaît les costumes revêtus dans les montrées où figurait la Mère sotte. Il apparaît clairement que, dans les divers genres du théâtre avant la Renaissance, aucune préoccupation de « couleur locale » ou de vérité historique ne sollicitait les acteurs ou les entrepreneurs de mystères ou de farces : la majorité des personnages portaient les costumes contemporains, quelle que fût l'époque de l'action. |