Certaines catégories
sociales adoptèrent, dès le XIIe siècle, un habillement
proche de celui des clercs, pour s'attirer respect et autorité.
Ceux qui portaient ainsi un costume long et austère, parfois
caractérisé par certains éléments particuliers,
seront appelés gens de robe longue, après l'apparition
du costume court.
A partir du XIIIe siècle, les mires ou physiciens constituaient un corps de praticiens à robe longue, que le chroniqueur Jean de Jeandun représente « marchant dans les rues de Paris avec leur costume brillant et leur bonnet doctoral » ; la robe courte était, par contre, réservée aux chirurgiens qui n'avaient droit ni à la robe longue ni au bonnet, parce qu'ils étaient considérés comme « manoeuvres chirurgiens », sous la direction des médecins. Dès leur apparition
au XIIIe siècle, les Universités obtinrent de Rome le
droit de fixer leur costume, qui fut influencé par l'habillement
religieux puisqu'elles étaient institutions d'Eglise.
A l'Université de Paris, les règlements se sont attachés à préciser - pour les maîtres et les élèves - les conditions d'une tenue convenable mais non pas d'uniforme, qui dénote à la fois la répercussion de l'habillement du siècle et le souci d'une discipline vestimentaire. De 1215 à 1274, il est ainsi prescrit aux maîtres
de porter une chape (manteau) ample, ronde, noire et talaire, voisine
de la chape pluviale mais fendue pour le passage des bras, et interdit
de mettre des souliers à bec, lacés ou à fenêtres,
non plus que des tuniques de dessus (surcots) fendues sur les côtés
; l'usage de la mitre est réservé à l'intérieur
des maisons. En 1252, les étudiants anglais et, en 1274, ceux
du Collège de Sorbonne ne doivent pas revêtir la chape
sans chaperon de même étoffe, ni ce chaperon avec boutons
; ceux de Sorbonne sont tenus aussi de mettre des robes de dessus fermées
et d'exclure de leur habillement toute fourrure de vair ou de petit
gris ou du cendal de couleur rouge ou verte. Tout signe d'élégance
est rigoureusement interdit.
Au Moyen Age, ce costume se retrouve sensiblement pareil dans les diverses universités de la Chrétienté. Les bacheliers, dès qu'ils commencent à enseigner, revêtent comme les licenciés la chape ample et sans manches, entièrement fermée ; les avant-bras passent par des fentes sur les côtés ou sur le devant. Par-dessus, le chaperon apparaît à la fois comme une pèlerine, qui sera conservée en Espagne et au Portugal, et comme un capuchon, qui subsistera seul en Angleterre. Cet habillement universitaire ne subira que peu de
changements au XVIe siècle et il maintiendra dans l'Europe occidentale
une certaine uniformité qui distinguera d'autant plus ses usagers
que les modifications de la mode deviendront alors plus profondes et
plus fréquentes. |