L'époque profite des progrès considérables de l'industrie de la mode qui s'installe. La première machine à coudre à un fil de Thimonnier date déjà de 1830. Seize ans plus tard, elle est perfectionnée par Walter Hunt et Elias Howe qui ajoutent un deuxième fil. La première machine à couper les vêtements date de 1854 ; celle qui fait les boutonnières suit en 1867, mais il faudra attendre 1900 pour voir sur le marché une machine capable de coudre les boutons. Des maisons de mode s'établissent pour répondre à la demande des riches bourgeoises, suivant l' exemple de Leroy, le tailleur du sacre de Napoléon d'après les dessins d'Isabey, qui avait tenté de réunir en un même lieu tous les composants pour réaliser toutes les toilettes de ce grand jour. Sous le Second Empire également se développent les "grands magasins" avec leurs importants rayons de mode. Les journaux de mode se multiplient et la première photographie de costume paraît en 1881 dans l'Art et la Mode. Worth commence à être imité par des créateurs de talent comme Rouff et Doucet. En 1886, le docteur Jaeger conçoit des sous-vêtements en laine pour laisser respirer la peau, ce qui montre que l'on commence à s'intéresser médicalement au corps alors que les corsets rigides, non seulement compriment le buste, mais le déforment de manière irréversible ; peu de temps auparavant, en 1851, l'Américaine Bloomer avait vainement tenté de lancer la mode des pantalons bouffants qui portent son nom.

La crinoline, disparue en 1867 selon les voeux de Worth, est remplacée par des poufs faits de crins ou des armatures qui rejettent le volume de la robe vers l'arrière en accentuant la cam­brure des reins et sur lesquels on tend de lourds tissus. En cette période, le goût est au style "tapissier" tant on abuse des passe­menteries, glands, pompons et franges pour les garnitures de ces costumes fastueux. De 1870 à 1890, cette tournure prend un volume plus ou moins marqué, hésitant entre un simple retrous­sis de tissus, un volume en "queue d'écrevisse" ou un système de capote repliable comme celle des voitures pour pouvoir s' as­seoir plus commodément, le strapontin. Le corset grandit pour comprimer le corps de la poitrine au haut des cuisses. Par-dessus, le corsage est équipé de manches à gigot montées désormais haut pour élargir les épaules; il peut être court ou à longues basques. Les manches sont plus longues, évasées en bas en pagode ou collantes jusqu'aux poignets. Les décolletés sont assez sages et souvent ouverts en carré. Pour sortir, on porte la visite, une sorte de manteau à manches évasées qui descend un peu au-dessous des hanches. Vers la fin de la période, elle est échancrée à l'arrière.

Sur les cheveux coiffés en longues anglaises ou réunis en chignon allongé sur la nuque, on pose très en avant sur le front un étroit petit chapeau ovale, à calotte basse, ou un chapeau à plumes de style autrichien. Vers 1885, de minuscules chapeaux en pointe succèdent encore aux capotes arrondies et aux grandes capelines. Aux pieds, l'élégante de cette époque porte des bottines à talon, boutonnées ou lacées sur le devant.

Robe avec corsage allongé à longue pointe arrondie devant et dos et à col chinois, cintré par plusieurs découpes avec empiècement courbé s'élargissant vers le haut en plastron de part et d'autre de l'ouverture devant, emplacement d'ailleurs pour l'unique baleine, manches longues très étroites et très ajustées avec manchettes à fente extérieure ; jupe séparée avec bordure au quart inférieur de plis ronds, celle-ci sous-jacente à une surjupe plus courte à effet draperie, qui fait passer le métrage de tissu d'une latérale à l'autre par petits plis couchés et les assujettis à une lisière décorative lustrée bleu pétrole et gansée de vert ; le tout de laine peignée patinée, le bleu-vert passant au bleu-gris, avec passepoil de cordelette tressée jaune et vert et effet spécial de smoking simulant une blouse, accentué de galon turquoise harmonisé.

Ensemble avec corsage se développant en robe avec col debout arrondi, multiples découpes dont celles du dos qui se prolongent en plis creux et reçoivent les drapés originant à la partie allongée devant, manches longues mises en forme avec une bande décorative aux poignets, ouverture devant avec une multitude de minuscules boutons ; visite à fente et plis dans le dos, plus court au devant avec col châle découpé en pointes et cinq boutons de part et d'autre de l'ouverture, manches longues et étroites avec manchettes ; jupe séparée avec le haut moulé avec la partie inférieure à large bande de plis couchés retenues par le haut et par le bas par une bande décorative par laquelle les plis repartent en plis couteau ; le tout de doux lainage mauve avec galons lilas, violet et mauve.

Robe à corsage cintré par multiples découpes, avec pointe devant et dos, décolleté rond, sans baleines et sans manches, avec ouverture devant à innombrables et minuscules boutons nacrés à deux trous avec ganses d'attache correspondantes de même tissu ; jupe séparée un peu plus longue dans le dos, plat devant, montée sur ruban cordé, avec plis couchés débutant au devant et devenant de plus en plus tassés au fur et à mesure qu'on approche de la médiane dos ; le tout est fait de tissu foulard rose chiné par un effet de trame, semé de plus de points argent avec accentuation des bordures par un petit passepoil de pongé vieux rose.

 

Robe ajustée sans découpe à la taille, à col officier, ouverture devant tout au long, manches longues étroites avec queue et drapé supplémentaire formé de plis superposés dont l'extrémité s'évase en forme géométrique sur le bas des reins ; le tout fait de lainage noir.

 

 

 

Ensemble avec redingote baleiné et ajusté par multiples découpes dont une est une découpe bretelle, avec col officier et ouverture devant à boutons sphériques incrustés de métal doré, fente dans le dos gagnant du volume par dédoublement de son pli creux et accentuation la queue de redingote grâce aux découpes s'ouvrant aussi en plis creux avec un drapé supplémentaire originant d'un panneau du devant et retroussé avec un noeud de ruban à petites brides flottantes, manches collantes avec manchettes incrustées ; jupe droit devant et plis couchés dans le dos formant queue de robe, ceux-ci rattrapés en drapés et formant un pouf affaissé ;  le tout de damas bourgogne et rouge clair de fleurs stylisée en rayures façon tapisserie, toile à rayures diagonales de soie à brins surélevés rouge vin et motifs art déco et dentelle écrue.

Robe à corsage allongé, baleiné à multiples découpes, avec pointe à grande courbe au devant, plus grande et plus basse au dos, encolure en V bordée d'une collerette, ouverture devant avec agrafes et boutons décoratifs, empiècements tout le long du centre du corsage, se prolongeant dans le dos, donnant l'impression d'une chemise et conférant au reste une allure de visite, manches 3/4 étroites, mises en forme et évasées au coude, garnies d'une lisière drapée de fine soie assortie au milieu et se croisant ; jupe ligne A avec une large bande à plis plats au tiers inférieur, un pan décoratif moulé obliquement et une surjupe courte, légère, drapée, à pouf ; le tout est de foulard de soie rouge vin, de damas cordé imitant des veinures de bois et de crêpe satin côté crêpe rouge carmin avec dentelle teinte vieux rose et passementerie.

 

Ensemble avec corsage baleiné, cintré par nombreuses pinces et découpes, avec pointe devant et pointe dos s'avérant plus longue et plus aiguë, décolleté carré dont l'espace est occupé par un empiècement lingerie à encolure triangulaire d'organza à rayures opaques de couleur saumon diffus avec ruche de même tissu, manches 3/ 4 mis en forme avec gigot obtenu par plis cartouche, avec deux volants décoratifs  dont un est assorti à l'empiècement d'encolure et l'autre de gingham, qui est répété pour sa part, dans la ruche du décolleté carré ; jupe séparée avec complexité de drapés, de plissés , de noeuds de ruban, de pans flottants et de volants à plis couteau et ruches ; le tout de brocart rayé jaune or, vert-de-gris et kaki avec série de fleurs rose magenta, coton imprimé beige et lilas et ruban brodé de roses.

Ensemble avec corsage baleiné, avec grande pointe devant et dos, cintré par découpes transversales, avec encolure carrée dont la forme a été initié par la modestie de tulle point d'esprit, avec pièce décorative centrale de soie gris perle à plissé tassé vertical intercalé entre les deux côtés,apparemment réunis par des brandebourgs de fil écru, manches 3/4 avec mise en forme et garnitures d'une bande drapée croisée et deux volants étagés au plissé accordéon ; jupe séparée ligne A avec ampleur dos et quatre volants à plis couteau et bordure de festons de fil écru au crochet ; surjupe drapée séparée à pans flottants et ruche assortie aux manches ; pèlerine avec large col et ruches ; le tout est confectionné de taffetas vert doré, de taffetas vieil or, de pongé écru et de taffetas moiré champagne avec fines dentelles écrues.

Robe à corsage ajusté avec multiples pinces et découpes avec taille surélevée au devant seulement, avec encolure au cou et ouverture devant décentrée, manches longues mises en forme;la partie jupe a les pans devant se prolongeant pour aller se plisser sur la queue formée dans le creux des reins en allongement du corsage, s'ajoute un pan flottant à la latérale, monté à plis tuyaux d'orgue à la taille et finissant en pointe et finalement ce qui semble être une confusion de matière est le pouf sous lequel on a placé une prothèse rembourré en croissant et sur lequel viennent s'amonceler en drapés et pans flottants, plissé permanent et brocart argenté et noir ; pour le reste cette robe est de drap chiné gris charbon à armure satin et bengaline noire à légère teinte violacée et motifs de rinceaux de velours tufté.

 

Ensemble à visite cintrée à nombreuses découpes, sans baleines, avec pointe arrondie et ouverture devant à boutons dépareillés, col debout avec ruche de pongé de soie bleu et ruban de velours marine, auquel est sous-jacent un autre col de soie écrue, manches longues étroites avec poignets garnis de la même soie bleue, très larges basques avec espacement devant accentuant les pointes aiguës, fente dans le dos à double plis creux créant un drapé en dégradé accordéon; jupe séparée ajustée sur le devant, avec au dos, des plis couchés retenus par des points d'arrêt au niveau des hanches et à la couture du volant de l'ourlet, volant à plis couchés façon plis couteau ; une autre pièce drapée formée d'un dédoublement de deux plis ronds gradés accentuent le pouf ; le tout est de bengaline aux tons nuancés de marine à pourpre.

 

Robe à corsage cintré baleiné, manches courtes (dont une verdâtre d'organza). Encolure en pointe décoré de fin tulle blanc et fleurs jaunâtre et jupe plats devant froncé vers l'arrière avec queue de Paris orné de tulle et d'organza. Le tout fait de satin jaune.

      

Robe à corsage s'allongeant en robe avec multiples pinces et découpes et une baleine unique à l'ouverture devant , ouverture descendant très bas, fermée juste grâce à une bande d'agrafes à corset et soulignée d'innombrables petits boutons à relief de rosace, avec col debout s'amenuisant au centre, manches collantes garnies aux poignets de crochet noir et fine dentelle géométrique, avec drapé de queue de Paris à volume récupéré à partir des latérales allant se lier sous le pouf affaissé, celui-ci constitué du prolongement du milieu corsage dos avec un drapé asymétrique supplémentaire ; jupe séparée avec volant à plis couteau dédoublés ; le tout de deux toiles chinées à trame texturée, une noir et vieux rose et l'autre noir et bordeaux avec rehauts sur la jupe de lisières transversales de broderies noires sur tulle.

 

Ensemble à corsage ajusté s'allongeant en robe avec pinces d'ajustement au devant et découpes au dos, s'ouvrant en plis creux, un appliqué de brocart bleu royal et noir à motifs de feuillage, en forme de fuseau au milieu devant, faisant office de plastron, avec col chinois contourné de galon tressé noir et or, celui-ci rappelé dans les autres bordures, ouverture devant fermée juste avec boutons décoratifs, manches 3/ 4 montées avec volant circulaire à fente à la saignée, surplombant une manche collante de dessous assortie au col ; jupe séparée à haut moulé avec plis couchés couvrants à partir des hanches, dont la tombée est compromise par une large bande brodée bleu et jaune or ; le tout fait de bengaline bleu vierge marie avec une bande décorative à l'ourlet mis en valeur par l'asymétrie d'un drapé à bouillons sur la latérale.

 

    

Robe à corsage à ouverture devant, allongé, baleiné et cintré par de nombreuses découpes et pinces, avec large pointe arrondie au devant et encore plus grande courbe dans le dos, laquelle tombe d'ailleurs très bas dépassant le creux des reins, encolure en V ornée de deux collerettes dont une est de tulle point d'esprit et l'autre de même étoffe que la robe mais entoilée, manches 3/4 mises en forme très étroitement tout le long et s'ouvrant sur de larges engageantes circulaires assorties à l'encolure; manteau de robe cousu au corsage, aux côtés posées à plat, alors que des plis couchés de part et d'autre de l'ouverture viennent se draper horizontalement en pouf et en queue au milieu dos ; jupe séparée de faille pêche ; le tout est fait de voile de coton beige et vert, rayé à jours et fleurs linéaires avec la doublure rose teintant le haut.

       

Robe à corsage cintré à pointe flottante tronquée, à multiples découpes et pinces avec large baleine centrale unique, encolure au cou ruchée d'un double volant de tulle point d'esprit, empiècement central d'organza de soie écrue, parcourant le milieu devant avec rétrécissement au niveau de la taille et ampleur blousante obtenue par drapé vertical, l'apparentant à une chemise, surtout à la vue de la superposition de deux pièces en pointe évoquant elles-mêmes un serre-taille, manches courtes à épaule ajustée s'allongeant grâce à un bouffant à l'avant-bras, lequel est de tulle point d'esprit de ton plus foncé que l'autre ; jupe séparée ; le tout est fait de toile chinée ivoire brodée en petits traits obliques ton sur ton à la façon d'un gros plan sur un tissage prince-de-galles avec accents de taffetas caméléon rose damassé de bouquets verts.

Ensemble à corsage se prolongeant en robe ajustée grâce à des découpes sophistiquées par lesquelles le devant a une ouverture juste à boutons décoratifs, un col officier, des manches longues mises en forme avec manchettes incrustées et décorées, un renfort devant d'où partent des drapés à la hauteur des genoux, un pouf et une longue queue ; visite ajustée à multiples découpes avec col châle, ouverture à innombrables petits boutons, faux rabats de poche, manches longues et étroites et deux pièces triangulaires allongées au dos à effet de martingale ; jupe ligne A avec fronces dans le dos participant à son allongement, avec deux volants bordant l'ourlet à plis couteau ; réticule oval froncé aux deux bouts avec fermoir métallique; le tout de lainage noisette et de serge de laine chinée ocre et noir avec accents rouille.

 

Robe style tapisserie à corsage allongé et baleiné, cintré à multiples découpes, avec queue dont l'ampleur est obtenue par trois plis creux, col debout croisé sur une petite partie puisque situé dans le prolongement de l'ouverture devant, lequel est à double croisure à partir de la carrure avec diminution progressive jusqu'à la pointe arrondie du milieu devant, manches longues, étroites et mises en forme; le tout formé d'empiècements agencés, prétexte à l'alternance des tissus ; surjupe avec devanture asymétrique, boucle et pouf à gros bouillons et queue sur la croupe ; le tout est monté et drapé grâce à des plis couchés et fronces à la taille avec partout ailleurs des superpositions savantes de pièces de formes et de fixations différentes ; le tout est fait de trois damas à fleurs et de deux velours à mille nuances de bourgogne.

 

Robe à corsage allongé et baleiné, cintré par pinces au devant et par découpe princesse dans le dos, avec longue pointe devant et dos, ouverture devant fermée juste par bande d'agrafes à corset surmontée d'un col montant, manches longues à gigot, à tête de manche froncée par plis cartouches, avec suite de la mise en forme jusqu'à des poignets étroits ; jupe séparée à queue de paris, moulée au devant par deux pinces alors qu'au dos un petit pli creux est l'origine d'un drapé qui vient se fixer aux latérales par deux coutures obliques ; cette robe est confectionnée de velours de coton de poids moyen caramel, l'ourlet du corsage a comme finition un galon plein biais de tissu broché dans les tons de bronze et le V du corsage ainsi que les accents sur les poignets sont issus de la réunion de petites pièces de dentelle au fuseau.