La Révolution n'apporte pas de changements notoires dans le costume féminin. Jusqu'à la mort de Robespierre, il reste fidèle à celui de l'Ancien Régime, en plus simple. Ce n'est qu'après la Terreur que le costume retrouve de l'originalité en s'orientant vers un style néoclassique.

Jusqu'à la fin du siècle, les tissus se font de plus en plus légers et les robes de gaze sont parfois mouillées pour adhérer plus au corps ; le tulle supplante la mousseline. La poitrine, portée haute, est de plus en plus découverte comme les bras qui ne sont recouverts que par de petites manches-ballons et parfois par de longs gants.

Les Merveilleuses portent de longues robes sans manches, en mousseline et souvent à traîne. Comme Madame Tallien qui parut dans un bal vêtue d'une robe de même type, elles chaussent des sandales. Comme leurs compagnons Incroyables, elles préfèrent garder les cheveux longs flottants et parfois négligés.

De 1799 à 1804, les lignes générales des toilettes sont encore celles du Directoire, mais très assagies. Les jupes, portées sur fond opaque, perdent leur transparence indiscrète et perdent aussi leurs fentes latérales. Elles restent souples, fort longues, très souvent pourvues d'une petite traîne. Les corsages, très courts, s'ouvrent toujours au milieu du devant et se froncent en rideau, au-dessous et au-dessus des seins, mais leur décolleté, plus pudique, prend la forme d'un carré arrondi aux angles. Les manches sont soit plates, cylindriques et courtes et complétées alors par des gants longs qui montent au-delà du coude, soit bien ajustées et très longues, resserrées à la hauteur du poignet et descendant ensuite en mitaines jusqu'à la naissance des doigts. Aux entournures, elles mordent profondément sur le dos, suivant une habitude héritée du XVIIIème siècle. Quand elles sont longues, leur partie supérieure se recouvre parfois d'un petit mancheron ballonné. Sur la robe, on enfile parfois une tunique plus courte, qui plonge un peu derrière, un simple corset, petit corsage sans manches, d'un ton différent de celui de la toilette, ou encore un canezou, léger corsage de mousseline qui s'arrête à la taille. Mais on use surtout du spencer, courte veste à manches longues, pourvue d'un col et de revers qui sont un souvenir de son passage dans le vestiaire masculin, car ce fut, dit-on, lord Spencer qui en lança la mode après avoir, par inadvertance, brûlé les pans de son habit à un feu de bois auquel il tournait le dos.

Les douillettes, manteaux ouatinés dont les lignes sont les mêmes que celles des robes, ne sont encore que peu utilisées. On leur préfère, pour réchauffer les toilettes, les grands châles carrés que l'on porte pliés en pointe, et les longues écharpes du Cachemire que les soldats de Bonaparte ont rapportées d'Égypte. D'abord un peu perplexes devant ces objets dont elles ne connaissaient pas l'usage, les dames qui les avaient reçus en cadeau d'un fils, d'un mari, d'un frère ou d'un fiancé, en apprenant que la citoyenne Bonaparte s'en couvrait les épaules, s'étaient empressées d'en faire autant, appréciant la douce chaleur dispensée par l'étoffe légère - certains châles pouvaient passer tout entiers dans l'anneau d'une bague - moelleuse, faite avec le duvet soyeux d'une chèvre du Tibet. Chaque écharpe, tissée à la main, est agrémentée, à chacune de ses extrémités, de belles palmes stylisées et colorées qui se détachent sur la grande réserve, généralement blanche. Sa forme allongée accompagne très harmonieusement les lignes de la robe à taille haute.

   

Robe à corsage à découpe taille empire descendant graduellement plus bas dans le dos, avec décolleté rond à double ruche de dentelle teintée, sans baleines, avec une pièce rectangulaire double, entoilée, avec boutonnage à double croisure et boutonnières passepoilées, l'ensemble évoquant un revers de veste néo-classique, fermeture dos avec oeillets et lacet, manches montées courtes et prolongées de deux volants étagés de chiffon écru ; jupe à petit plissage de fin crêpe crème avec incrustation en forme de pyramides tronquées à l'ourlet, d'une dentelle ancienne ajourée avec fil métallique ; manteau de robe à grand espacement avec petit plissage, monté au corsage à la main et avec queue de robe ; cette robe est confectionnée de satin antique vert sorbet avec satin lustré perle et garniture de boutons sphériques à tiges.

Robe ample et droite avec découpe taille empire et queue de robe, à corsage sans manches et fermeture dos par bande d'agrafes ; le dos est ajusté par pinces alors que le devant est dépourvu de quelque découpe ou pince que ce soit et ceci conséquemment à la petite superficie de la partie poitrine, laquelle va du décolleté très échancré à la taille sous les seins, décolleté rond d'ailleurs, qui profite de cet état de fait, par l'adjonction d'une large modestie à petits plis drapés verticalement de chiffon écru ; aux fines bretelles viennent s'ajoutent des mancherons qui ne sont en fait, que deux liens terminés en effilés de même tissu et venant se nouer sur l'épaule ; jupe à très petit froncage, non doublée, venant se coudre au corsage ; cette robe est confectionnée de voile rose poudre avec une nuance lilas.