Les Couvre-chefs
 

A la fin du XVIe siècle , le bonnet de la Renaissance, de forme variée, restait en vogue pour les hommes ainsi que le chapeau à l'espagnole, à calotte haute et arrondie avec des plis sur le côté. Au chapeau albanais orné d'un panache, popularisé par les portraits d'Henri IV, succédèrent sous Louis XIII les feutres à calotte basse et grands bords souples, dits - depuis - à la mousquetaire : la calotte était ronde, se déformait lorsqu'on la posait sur l'ovale de la tête et donnait ce bord ondulé et relevé ; ils étaient garnis de grandes plumes d'autruche dressées ou couchées. Il s'en fit aussi de plus simples, à calotte entourée d'un galon dit bourdalou. Une sorte de casquette à double visière dite boukinkan (altération de Buckingham) était d'origine anglaise et employée plutôt par les militaires.

Après la Guerre de Trente ans, le grand chapeau souple posé de biais, avec plumes flottant au vent, porté par la cavalerie suédoise, fut adopté dans la plupart des armées d'Europe : c'était l'ancien chapeau de feutre gris des paysans de la Renaissance, interdit depuis aux cultivateurs et qui, après être passé dans l'uniforme militaire, fit alors retour au costume civil. En Allemagne, ce chapeau dit suédois prit des formes très extraordinaires tandis que la Hollande adoptait un modèle plus simple, conservant la couleur noire espagnole. En Angleterre, les puritains de Cromwell, dans leur souci de rétablir l'austérité de la religion réformée, rejetèrent les boucles folles et le chapeau ondoyant pour adopter le feutre noir cylindrique, de forme plus rigide. Ce fut ce chapeau puritain que les émigrants du Mayflower emportèrent en Amérique et qui fut avec le temps considéré comme typiquement américain : au siècle suivant, avec la guerre de l'Indépendance, il devait connaître en Europe une vogue nouvelle et devenir en quelque sorte le symbole de la liberté.

Sous Louis XIV, l'usage des perruques fait du chapeau un accessoire superflu, que le gentilhomme porte rarement mais que la civilité l'oblige à tenir serré sous le bras : aussi la calotte s'abaisse-t-elle et les grands bords se relèvent-ils devant et derrière. D'où le chapeau à deux ou trois cornes, de castor « gris blanc » ou « ras noir », à tour de plume et à large ruban brodé, que l'on retrouvera encore dans les dessins de Watteau.

 
Les Coiffures
 

Au commencement du XVIIe siècle, les femmes portaient encore un très petit chaperon ou une coiffe de soie ; les veuves demeuraient fidèles au chaperon à pointe avançant sur le front, avec une conque plus réduite que celle de l'époque précédente. Toutefois, la coiffure s'est aplatie : une frange de cheveux, la garcette, sur le front et deux bouffons crêpés sur les oreilles, les cheveux nattés et enroulés en chignon derrière. Vers la fin du règne de Louis XIII, les cheveux, disposés sur un rouleau crêpé dit rond, forment un arceau en bombage il s'en échappe parfois une mèche nouée d'un ruban et appelée moustache. Puis les cheveux s'aplatissent de nouveau et les bouffons sont remplacés par des boucles longues ditesserpenteaux.

Serpenteaux et bouffons plus ou moins crêpés se prolongent jusque vers 16.70. Une coiffure nouvelle, la hurlupée ou hurluberlu, fait alors fureur durant quelques années : c'est un amoncellement de boucles : « Cela fait une tête de chou », écrit Mme de Sévigné.

Enfin, vers 1678, apparaît la coiffure à la Fontanges qui, de simple noeud relevant les cheveux bouclés sur le dessus de la tête, se transformera en un échafaudage de boucles complété ensuite par un bonnet, couronnant la tête d'une véritable architecture de mousseline, de dentelles, de rubans montée sur fil d'archal. La vogue en durera trente ans malgré les critiques et même la défaveur du Roi.

Pendant le règne du Béarnais, en réaction sans doute contre les coiffures calamistrées adoptées sous Henri III, les hommes portent les cheveux en désordre ; c'est seulement sous Louis XIII que la chevelure des élégants, séparée par une raie médiane, tombera en boucles sur les épaules ; une mèche ramenée en avant, dite moustache, prend le nom de cadenette quand le frère du duc de Luynes, marquis de Cadenet, imagine de l'attacher avec un noeud de ruban orné d'un bijou.

Mais, une maladie faisant perdre au roi ses cheveux, vers 1633 apparaît un accessoire nouveau, la perruque, d'abord réduite à des coins mêlés aux cheveux puis plus complète ; elle est, à vrai dire, portée alors surtout par nécessité et les hommes âgés n'emploient généralement que le tour, calotte ronde à cheveux cousus. Les coiffures naturelles et bouclées restent en vogue et, bien qu'une perruque à cheveux figure en 1643 dans l'inventaire de Cinq-Mars, la fabrication et la mode des perruques ne commence à se généraliser que vers 1655. Louis XIV, qui avait de fort beaux cheveux bouclés, se refusa longtemps à les sacrifier et n'accepta d'abord que des perruques à fenêtres par lesquelles passaient ses boucles, avant de se résigner, en 1672, à porter la perruque à cheveux vifs qui obligeait à se raser la tête.

Après 168o, la perruque prit des proportions monumentales qui diminuèrent seulement vers la fin du siècle. Faite généralement en crinière, plus tard surnommée in-folio, avec des boucles étagées tombant sur les épaules et dans le dos, elle se dressa ensuite en Fontanges à deux pointes ; puis, partagée en trois touffes, dont deux sur les côtés, ce fut la binette, du nom de son créateur le sieur Binet. Les couleurs des perruques étaient extrêmement variées, surtout chez les courtisans ; on les saupoudrait d'amidon ou de poudre de Chypre.

Toutes les professions adoptèrent l'usage de la perruque qui compensait l'absence d'une épée exigée, sauf pour le clergé et la magistrature, de quiconque entrait dans une maison royale.

Colbert, inquiet de voir la quantité des cheveux achetés à l'étranger, avait voulu interdire les perruques ; mais la France en vendait en si grand nombre dans toute l'Europe que l'exportation compensait largement les frais d'importation. Elles furent frappées d'un impôt de 1703 à 1715. L'art des perruquiers confinait à celui de véritables créateurs et, en 1678, le Mercure de France présentait deux modèles dessinés par Bérain et travaillées par un certain Evain, moitié crêpé et moitié boucles, d'une admirable légèreté.

On sait qu'elles étaient apparues à Venise en 1665, une ordonnance du Conseil des Dix les prohibaient en 1668 ; mais elles réapparurent plus tard. Depuis longtemps, les femmes du Ghetto de Rome portaient des perruques.

 

 


  


 





       






September 2004
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