Les
représentations
peintes ou sculptées
des plus hautes époques
montrent dans les
matières textiles
employées
quelques caractéristiques
constantes de l'Ancien Émpire à nos
jours et correspondent
au principe du costume
drapé.
Ce
costume utilise en
effet, essentiellement,
des étoffes
d'origine végétale;
le lin offre des
avantages particulièrement
appréciables
de légèreté,
de fraîcheur
et de facilité de
nettoyage, qui concilient
les impératifs
d'un climat tropical
avec la nécessité des
travaux quotidiens
; d'une culture très
ancienne en Egypte,
il s'adaptait parfaitement
au souci de propreté habituel à la
race, dont témoignent
les innombrables
objets de toilette,
la variété des
parfums et des produits
de beauté les
fouilles ont mis
au jour coffrets,
pots à fards,
miroirs, rasoirs,
etc.
Les
tissus de laine,
matière préférée
de la plupart des
pays asiatiques, étaient
considérés
comme impurs par
la religion égyptienne
et si les manteaux
de laine, du moins,
furent tolérés
du temps d'Hérodote,
ils restaient interdits
dans les temples
et pour l'ensevelissement.
Sans
doute le lin bénéficia-t-il
de sa blancheur naturelle,
couleur à caractère
sacré, car
on sait quelles règles
rigoureuses imposait
la religion égyptienne.
De même, dans
l'art, une uniformité qui
nous frappe et qui
provient de la crainte
des artistes à changer
quoi que ce fût
dans les habitudes
reçues, de
peur de compromettre
le salut de leurs
modèles. L'or
et les couleurs étaient
surtout utilisés
dans les ceintures,
les écharpes
et les bijoux.
Le
tissage du lin paraît
s'être effectué sur
des métiers
horizontaux pendant
tout le IIIe millénaire
; le métier
vertical, qui ne
supplanta d'ailleurs
pas complètement
l'ancien modèle,
n'apparaît
que vers le IIe millénaire
; les pièces
d'étoffe trouvées
sur les momies sont
en général
de petites dimensions.
Une
autre caractéristique
du costume égyptien,
c'est qu'il couvre
surtout la partie
inférieure
du corps et dégage
largement le buste.
D'où l'emploi
d'étoffes
légères
et transparentes
ainsi que la grande
place accordée
dans la vie quotidienne
au nu, mais non à la
nudité, considérée
comme un signe de
basse condition pour
d'autres que les
enfants ; la statuaire égyptienne
offre peu de figures
sans vêtements,
car les gens de bonne
famille qui auraient
infligé la
nudité à leur
propre effigie auraient
risqué d'être
confondus avec les
roturiers et de perdre
leur caste dans l'autre
monde. Dans la statuaire
memphite en particulier,
la femme est toujours
vêtue ; parfois
seulement, les jeunes
garçons et
les hommes, libres
ou esclaves, ne le
sont pas, mais peut-être
ce cas répond-il à quelque
prescription religieuse
.
C'est
grâce aux entreprises
guerrières
de Thoutmosis III
que l'art du textile
se perfectionna en
Egypte, où de
nombreux tisserands étrangers
vinrent s'installer
; le mot syrien devint
même synonyme
de tisserand. Cette
amélioration
de la production
textile, liée à l'introduction
de modes asiatiques,
modifia l'habillement égyptien.
L'étude des
tissus trouvés
dans le tombeau de
Tout-Ank-Amon (XVIIIe
dynastie) permet
de se rendre compte
des progrès
faits par les Égyptiens
dans le domaine du
textile.
L'époque
de Ramsès
(XIIIe siècle
et XIIe siècle)
introduisit le goût
des étoffes
légères,
finement plissées
ou naturellement
crêpelées.
Les peintres égyptiens
du Nouvel-Émpire
ont rendu la transparence
des vêtements
féminins en
affaiblissant par
un mélange
des couleurs le ton
des chairs vues au
travers des tissus
: ils ont figuré des
dégradés
et le relief des
plis apparaît
au moyen d'ombres
par le mélange
de blanc et de noir.
Il
est essentiel de
ne pas oublier que
le procédé de
représentation égyptienne
plaque le costume
sur le corps en sculpture
et, en peinture,
le montre comme une
gaine, de face pour
le buste, de profil
pour la coiffure,
les bras et les jambes,
alors qu'il s'agit
de vêtements
constamment amples
et flottants, permettant
une démarche
aisée.