Jeanne Paquin (1869-1936), couturière française à qui les modèles romantiques de robes du soir ont valu, dès la fin du XIXe siècle, une renommée équivalente à celle de Worth.
 
Les premiers modéles
.Née à Saint-Denis, près de Paris, Jeanne Beckers fait son apprentissage de couturière chez Rouff. En 1891, après son mariage avec Isidore Jacobs, dit Paquin, elle ouvre sa propre maison de couture à Paris, 3, rue de la Paix. Ses robes du soir aux tons pastel, inspirées de motifs du xviiie siècle, ses modèles ornés de fourrure ou d’incrustations de dentelle, lui assurent rapidement une grande notoriété. Femme d’affaires avisée, elle est en outre l’une des premières à pressentir l’intérêt des techniques de promotion (la « réclame », comme on disait à l’époque), n’hésitant pas à apparaître entourée de ses mannequins à l’Opéra ou les jours de Grand Prix, et à organiser de véritables défilés de mode pour promouvoir ses nouveaux modèles.
Associée à des partenaires britanniques, Jeanne Paquin transfère, en 1896, son siège à Londres, 39 Dover Street, tout en gardant sa succursale de Paris. En 1912, elle ouvre à New York, au 398 de la Cinquième Avenue, une boutique consacrée à la fourrure, qu’elle confie à son demi-frère, Henri Joire, tandis que, peu après, deux nouvelles succursales voient le jour à Madrid et à Buenos Aires.
 
L'esprit moderne
 
Si l’inspiration de Jeanne Paquin puise largement dans le passé (elle est, par exemple, la première à relancer une ligne Empire, peu après 1900, puis à interpréter somptueusement le style japonisant, alors très en vogue), elle sait également s’adapter aux évolutions de l’époque, proposant notamment un modèle de tailleur avec jupe plissée, adapté à ce qu’elle appelle la « civilisation du métro » ou, à la veille de la Première Guerre mondiale, une robe intermédiaire entre le tailleur et le costume flou, permettant à la femme active de ne pas changer de tenue entre l’après-midi et le soir. Son esprit résolument moderne s’exprime encore dans sa collaboration avec Léon Bakst pour la création de costumes de théâtre, avec Paul Iribe, George Barbier et Georges Lepape pour la publication d’albums d’accessoires de robe, avec Robert Mallet-Stevens et Louis Süe pour la décoration de ses salons et de ses résidences privées.
 
 
Présidente de la chambre syndicale de la couture de 1917 à 1919, Jeanne Paquin se retire en 1920, laissant l’administration de la maison à Henri Joire, et la direction artistique à Madeleine Wallis, qui perpétue l’utilisation de la fourrure dans de nombreux modèles. Ana de Pombo la remplace en 1936, et cède la place en 1942 à Antonio Canovas del Castillo, qui signe en 1946 les costumes du film la Belle et la Bête de Jean Cocteau.
La direction de la maison revient ensuite à Colette Massignac, puis à Lou Claverie, qui sauront adapter le style des collections au « new-look » mis à la mode par Christian Dior. En 1953, la maison Paquin rachète la succursale française de Worth, mais des difficultés financières la contraignent à cesser son activité en 1956.