De 1890 à 1893, la taille reste marquée, malgré la dispa­rition de la tournure, le cou reste emprisonné dans un petit col officier, la jupe est ronde avec un peu d'ampleur sur l'arrière, les manches froncées du corsage sont montées hautes et dépassent la ligne des épaules. Les manteaux sont vagues ou cintrés ; ils rivalisent avec des capes étroites et des jaquettes trois-quarts. Les robes du soir, plus décolletées et sans manches, sont taillées dans des velours rappelant la Renaissance.

Cette tendance historique est encore accentuée dans les cinq années qui suivent; les robes retrouvent leur forme de cloche et les corsages les manches à gigot et les cols bordés d'une ruche ou d'une petite fraise. Pour sortir, le vêtement préféré est le collet en forme, plus ou moins long, à grand col Médicis. Les robes du soir ont également des manches bouffantes, mais courtes, qui atteignent leur plus grand volume en 1896. Les femmes pratiquent de plus en plus le sport, ce qui impose des vêtements plus adaptés aux mouvements. Des jupes blanches, légèrement raccourcies, permettent de jouer au tennis; des tuniques en lainage noir, ornées de croquets blancs et d'une ancre marine sont obli­gatoires pour les bains de mer, comme les énormes chapeaux à grande voilette le sont pour monter en automobile. La bicyclette est à la mode, mais la culotte bouffante, autrefois chère à Mrs Bloomer, fait hurler les traditionalistes.

Avec le style 1900, la mode retrouve les lignes sinueuses de l'époque Louis XV. On porte à nouveau un busc rigide pour affiner la taille et cambrer les reins. Le corsage garde son petit col montant, mais ses manches, moins volumineuses en haut, se terminent en bas en pagode. La robe du soir est le prétexte à une débauche de dentelles, de bouillonnés de mousseline et de décors brodés. Le costume-tailleur fait son apparition.

Venu d'Angleterre, il est adapté à la promenade et surtout au travail des femmes qui se développe de plus en plus.

Les femmes actives le portent parfois avec un gilet d'homme en soie blanche brodée. C'est le couturier anglais Redfern qui, s'inspirant des costumes masculins, avait créé dès 1855 l'idée de ces tenues associant une jaquette et une jupe assortie pour la pra­tique du sport Les lignes du costume féminin ne tardent pas à se simplifier encore en perdant les volants des jupes, en estom­pant la taille sous une robe princesse et en allongeant le buste par un nouveau type de corset Cette nouvelle silhouette évolue vers un style Directoire entre 1908 et 1910 en marquant la taille plus haut La lingerie se développe et se raffine ; cache-corset, pantalons volantés, jupons divers, combinaisons, camisoles et chemises de nuit sont vaporeux et ornés de dentelles.

Paul Poiret est le premier couturier à concevoir la "femme moderne". Il travaille d'abord pour Doucet, le représentant du style femme-fleur, et chez Worth dont les robes ne sont plus abor­dables par la femme moderne. C'est lui qui est responsable du retour aux lignes de l'Empire et du style "sultane" inspirés des Ballets russes et des costumes folkloriques orientaux. Ces créa­tions très fluides, au profil tonneau de la taille aux chevilles, ces jupes culottes bouffantes ou ces fourreaux étroits pour le soir se portent évidemment sans corset, ce qui est une véritable révolution. Les images de ces "odalisques" de Poiret portant des robes persannes, sous des manteaux coupés comme des kimonos, avec des turbans ou des toques à plumets sur la tête, sont largement diffusées par les nouveaux journaux de mode qui naissent.

Dès 1900, la photographie reproduit les collections de mode et les poses des artistes en vogue habillés par les grands couturiers comme Worth, Redfem, Paquin, Callot Soeurs, Chéruit, Doucet, Lanvin ou Poiret. Elle est concurrencée par le dessin des plus grands graphistes de ['époque, comme Paul Iribe, André Marty et Georges Lepape, et les oeuvres des peintres comme Boldoni ou Helleu qui s'enthousiasment des couleurs audacieuses employées par Bakst pour les décors et les costumes des Ballets russes.

   

Ensemble à veston tailleur cintré, un peu plus longue devant et à nombreuses découpes, encolure en V avec col châle découpé en deux demi-cercle, sans baleines, avec collet haut supplémentaire, fermeture juste par bande d'agrafes et petits boutons à tige décoratifs de plastique rouge translucide, basque à même semi-circulaire à la partie dos, manches longues et ajustées garnies de dentelle ancienne écrue aux poignets ; pèlerine séparée avec col debout arrivant à la taille, avec doublure de soie bigarrée violet et bourgogne à volant intérieur près de l'ourlet ; jupe trompette avec deux plis ronds au milieu dos et se terminant en queue; le tout est confectionné de lainage marron, garni de gros galon tuyauté orange sanguine de velours superposé à grandes spirales et petites loupes sur toutes les bordures avec accentuation au devant.

Corsage baleiné avec passepoil, cintré par plusieurs découpes, sans pointe mais allongé en deux longues pointes de part et d'autre d'un empiècement central finissant lui-même en oval et fermé juste par une bande d'agrafes et des petits boutons décoratifs à tige de verre noir taillés à multiples facettes, deux pointes ascendantes se prolongent de chaque coté du décolleté en V dont la bordure est une bande de tulle point d'esprit noir doublé d'organza avec col volanté faisant le tour, manches 3/4 ajustées en tulle point d'esprit avec revers décoratifs de soie noire avec plis couchés, drapés, passementerie et manchettes volantées garnies d'une minuscule dentelle rouge; le corsage est de velours noir, le tulle point d'esprit fait office de fausse-chemise et le taffetas irisé noir et rouge joue le rôle de parties de corset dépassant du corsage.

Robe à corsage avec baleine unique au devant et au dos, à corsage cintré par nombreuses découpes, avec pointe devant et courbe dans le dos, empiècement au milieu poitrine drapé de voile rayé rose, encolure en V tronqué avec double col volanté d'organza avec finition de ruban à bord frisotté, manches longues mises en forme, étroites à l'épaule avec quelques fronces à l'emmanchure dos, évasées aux poignets et décorées à la façon de manchettes ; jupe séparée de ligne A , montée sur bande de taille de taille entoilée, avec ampleur et élongation dans le dos en provenance d'un pli creux central; le tout est de lainage chinée de différentes grosseurs de fils roses et de velours de coton rose de deux différentes teintes en alternance au corsage avec surcharge d'appliqués de guipure pourpre et pêche.

 

Robe longue de coupe chemisier avec corsage à fronces minimales à la poitrine, avec ouverture devant boutonnée et plastron obtenu par deux plis religieuses de part et d'autre de celle-ci, aisance dos provenant d'un pli creux au niveau de la taille, col chemisier fermé, manches longues et étroites avec poignets chemisier ; jupe ligne A cousue au corsage avec pli creux dans le dos en rappel de celui du corsage, ampleur du milieu devant en continuité de l'ouverture corsage, formée du tissu excédentaire replié en large pli couché; ceinture de même tissu se nouant librement ; cette robe est confectionnée de toile légère gris souris de poly-coton, à rayures bleus verticales estompées, avec fines lignes supplémentaires de fil vert, rose et blanc ; les petits boutons sont de plastique à imitation de corne.

Robe longue avec corsage cintré grâce à un empiècement serre-taille baleiné, qui a une pointe vers le haut et deux vers le bas, col montant avec guimpe à pointes incrustées au milieu devant, au dos et sur les épaules au-delà de l'emmanchure, manches longues et étroites avec longs poignets à pointe montante; jupe trompette avec ceinture montée et queue, fixée au corsage par brides au point chaînette, avec empiècement central de soie rayée en diagonal à fines lignes rouges se scindant en formation d'une flèche vers le bas ; cette robe est confectionnée de faille couleur verge d'or, garnie dans les tons de brun et de noir de guipure galonnée au corsage, de dentelle et de ruban à bord ruché sur les découpes, de soie effilée et de franges obliques à la pointe vers le bas qui traverse de part en part la jupe.

Robe à corsage cintré avec pinces d'ajustement, sans baleines, avec col montant plus haut sur les côtés, bordé d'une ruche de dentelle écrue, manches longues froncées à l'épaule avec prolongement extérieur des poignets ajustés façon manicles et dentelle assortie au col, ceinture incrustée à pointe vers le haut au devant et vers le bas dans le dos ; jupe semi-circulaire, cousue au corsage, avec plis couchés supplémentaires à la partie dos, favorisant l'ampleur pour la queue de robe ; cette robe est confectionnée de métrage de dentelle sur laquelle il y a eu des interventions de coloration vieux rose et de patine grise et à travers celle-ci transparaît la doublure de taffetas caméléon aussi vieux rose.

 

Robe à corsage cintré avec col debout et ampleur blousante sur l'abdomen provenant d'un drapé à volume excédentaire au milieu devant et moindre au dos, empiècement arrondi au niveau de la carrure, prétexte à l'élaboration d'un boléro façon lingerie, manches collantes s'arrêtant au coude avec deux volants ; jupe trompette séparée avec queue de robe prenant naissance dans de petites fronces dans le creux des reins et au tiers inférieur, large bordure à plissé soleil ; pèlerine très courte assortie du même plissé avec col Claudine et liens d'attache à l'encolure; le tout de tulle chair point d'esprit en double épaisseur, de soie shantung à reflets rosés et violets et, en garniture esthétisante, une base de guipure de dentelle lilas tirant sur le rouge, enchevêtré de deux rubans à bord extrêmement ruchés, un pêche et un tirant sur le bleu.

Robe très ample avec col montant avec corsage devant se prolongeant en découpe tente dont les deux pans devant sont plus courts, arrondis et laissent dépasser une bande sous-jacente de chiffon au plissé soleil, tissu qui forme aussi le manteau de robe qui lui prend pour assise l'empiècement guimpe très grand, qui couvre la gorge et va s'étendre en mancherons au-delà de l'épaule, tissu qui forme aussi les manches saucières dont le bouffant est retenu par des poignets ajustés avec pointe décorative vers le haut, petite pointe assortie à la grande pointe à la partie dos de l'empiècement ; tout ce métrage est bâti sur un corsage cintré, non baleiné, ajusté à multiples découpes et sur la jupe qui y est rattaché  le chiffon est lilas et la guipure est multiple :  pêche, rose et violacé mais toutes sont classique, de dentelle enchevêtrée de cordonnets.

Robe de chambre de fin voile soyeux écru avec guipure blanche et volant kaki.

 

 

Corsage baleiné avec pointes arrondies devant et dos, cintré par découpe princesse et multiples pinces, avec moulage supplémentaire provenant de minuscules plis nervurés à la taille, plis offrant l'aisance supplémentaire à la poitrine, alors qu'au dos, la répétition du processus fait rayonner les plis à partir de la pointe, col debout, empiècement incurvé à partir de la carrure devant, se prolongeant en pointe sur les épaules, créant une manche surbaissée, manches longues montées entrecoupées d'un ruban de séparation de dentelle, avec rappel des nervures et poignets incrustés très longs ; ce corsage est de damas de coton écru à rayures ton sur ton et à jours, avec broderie surfilé en point de croix et montage particulier pour l'empiècement, de bandes de ce même tissu en alternance avec une dentelle harmonisée.

Jupe trompette avec queue, ajustée sur les hanches par des empiècements au devant et au dos, celui du devant se poursuivant en forme de T jusqu'au sol, forme mise en place par les découpes verticales, qui elles, sont cachées par une passementerie serpentante faite de fils de soie vert kaki ; à l'ourlet est juxtaposée une bande décorative avec faux ourlet de toile chinée vert, laquelle est bordée dans le dos d'une demie valeur de la même passementerie ; cette jupe est confectionnée de satin antique côté mat, couleur vieil or et est montée sur une bande de taille étroite de même tissu

Ensemble avec redingote coupée en habit dégagé à découpes bretelle avec col chemisier dont un des côtés du revers est courbe, avec angles d'ouverture devant repliés à l'ourlet en triangles, ceux-ci étant fixés par un gros bouton noir à centre perlé, mêmes boutons qui longent les découpes dos pour suggérer une queue et qui, bien que semblant fixer deux rabats décoratifs de tissu contrastant à la médiane, ne le font pas réellement puisqu'ils sont décoratifs, manches tailleur et manchettes à aileron, contrastants aussi; puis une pièce de corsage, en provenance de dessous se prolonge à l'encolure en un col châle dans une façon de gilet d'habit contrastant lui aussi ; la jupe est droite avec une pièce décorative montant en pic à partir de l'ourlet, lui aussi contourné de boutons pendant qu'au do un plis creux et un plis couché contribuent à l'accent général d'élongation de la silhouette ; le tout est fait de drap de laine crème traversé de lignes tissées verticalement de fil grisâtre alors que le tissu contrastant est de soie noire à lignes d'argent et à l'ourlet un galon spécial de fils transversal et rigides jouent le rôle d'une balayeuse.

Costume façon tailleur formé d'un gilet ajusté à encolure arrondie, à pointes d'ourlet et à multiples petits boutons de satin recouverts, un deuxième morceau, la veste à col et à manches tailleur qui se terminent par un revers de manchettes à trois boutons, veste qui est aussi à multiples découpes formant évasement surtout dans le dos et comme troisième pièce la jupe, plus longue dans le dos avec une ceinture montée entoilée, un droit devant et, une ampleur edwardienne à la médiane dos, cette dernière provenant d'un triple plis creux ; ce costume façon tailleur est fait de laine peignée dans différents tons de brun, est à minuscule carrelage noir, source de son apparence chinée et mate et, cernant les côtés de la veste, un biais décoratif de satin moka et des boutons recouverts assortis reflètent la lumière.

Cache-poussière ample et évasé dont la particularité est d'arriver au genou, même si celui-ci en direction du dos s'allonge, alors qu'est visible, un deuxième ourlet qu'il surplombe et dont la longueur est elle, limite, provenant de pièces sous-jacentes, effet de style sans doute inspiré des couches superposées de pèlerines plus apparentées à la pluie; les poches sont des poches appliquées avec un rabat dont le tour est agrémenté de galon tressé bleu ciel, le même qui borde aussi le col tailleur, à grandes pointes arrondies, l'ourlet de la partie de dessus, ainsi que les manchettes, celles-ci qui ont par ailleurs une rigidité cartonnée et qui délimitent du même coup la mollesse du large bouffant de manche ; l' harmonie des teintes douces de l'ensemble provient de la faille moirée champagne et du galon bleu ciel qui se poursuit jusque dans les boutons nacrés.

Manteau semi-ajusté arrivant aux mollets avec double croisure se fermant sur un seul côté à l'aide de boutonnières en fil chaînette, avec grand col tortue qui vient s'évaser pour se terminer en courbe et se fermer par trois boutons et avec manches montées mises en forme avec manchettes stylisées de façon à reprendre la courbe du col, tous détails rendus attrayants par une bordure faite d'entortillements de fils vieux rose ; une ampleur ajoutée part d'une découpe latérale où prennent naissance des fronces qui sont ensuite camouflées sous une ceinture, ceinture à peine retenue et fixée elle aussi par un bouton ; le tout est fait de velours frappé olive et les boutons sont façonnés de billes de fil bronze enveloppées de résille rose ; on peut dire sans se tromper de cet ensemble qu'il éveille l'intérêt grâce à son large manchon cylindrique rembourré, doublé de peluche dont les extrémités sont resserrées en toute simplicité.

Robe avec corsage séparé à col debout, avec manches longues chemisier à manchettes étroites et allongées, avec basque sur une taille ajustée, basque dont la fonction est pratique puisqu'elle sert à insérer le corsage dans la jupe afin d'exercer un contrôle sur le débordement du plissé qui crée le drapé sur l'estomac, ce drapé formant la phalle caractéristique de la mode pigeon ; ce corsage se boutonne dans le dos, lequel ramène les fronces mais évidemment sans volume supplémentaire ; ce corsage est fait de tissu foulard de soie écrue et le blousant autant au devant qu'au dos est couvert de petites dentelles à festons écrues avec création d'un intérêt supplémentaire à l'encolure et au col grâce à une dentelle à pastilles blanches mobiles sur un volant ajouté.

Ensemble avec jupe et veste très ajusté par pinces et lignes bretelles au devant et par plusieurs découpes au dos, celles-ci sculptant étroitement la taille, avec col tailleur classique et aussi avec manches tailleur montées, celle-ci augmentée d'une manchette à revers et rabat de poche décoratif ; le veston est fabriqué de gabardine de laine kaki et, le col, les manchettes, ainsi que le passepoil contournant les ouvertures et les rabats sont de couleur vert tendre ; les quatre boutons sont marbrés de tons rosé et brunâtre et la doublure en est une rayée de costume masculin.

Robe à corsage cintré à multiples pinces et découpes, avec baleines et pointe au devant seulement, avec col debout, manches longues, étroites et formées, avec fronces à l'emmanchure devant et plus nombreuses encore à l'emmanchure dos, fermeture juste dans le dos par bande d'agrafes à corset, ceinture-corselet contrastante, incrustée et suivant la découpe taille ; outre le col de pongé de soie écru, un voile de soie ivoire, entièrement décoratif et partant de l'encolure, parcourt la médiane en un fin plissé pour aller se gonfler sur l'abdomen, se ramasser dans un noeud et finalement laissant flotter la partie excédentaire ; les poignets sont garnis de la même mais teintée ; le tout est fait de laine écru à gros tissage et les appliqués sont de velours vert sapin en forme de petites et de grosses volutes effilées parentes de signes musicaux.

Epoque Poiret